samedi 17 août 2013

Flexibilité dans la fonction publique : subie ou choisie ?

samedi 17 août 2013 

Parmi toutes les personnes qui ont voté Hollande en 2012, il y en a décidément peu qui peuvent se montrer satisfaites un an après :


  • les jeunes de banlieue (ceux qui étaient place de la Bastille le 6 mai 2012) sont toujours aussi contrôlés au faciès (car le socialisme ne peut être que nationaliste, et impose donc que l'Etat dispose des moyens de savoir qui fait quoi et se trouve où, ce qui induit que la carte d'identité nationale, cet héritage de Vichy, est bien pratique)
  • les anti sarkozystes retrouvent certaines des pratiques qui avaient fait détesté (à juste titre) l'ancien président de la République : jets privés Tulle-Paris, soupçons de fraude fiscale (cf l'affaire de l'ISF non déclaré), fils à papa people, pavillon de la Lanterne pris au Premier Ministre, imposante présence policière lors des déplacements présidentiels, cacophonie gouvernementale, affaires multiples au sein du parti majoritaire ...
  • les militants des droits de l'homme constatent que les arrestations arbitraires, les bavures policières, la surpopulation carcérale, les rafles de Roms et de sans papiers se poursuivent, y compris dans des municipalités dirigées par la gauche
  • les salariés vont payer plus de cotisations sociales pour "sauver" (quelques années de plus) le régime des retraites par répartition, pourtant théoriquement condamné pour des raisons démographiques, et plus de TVA

Mais s'il y a a bien une catégorie qui va comprendre que le socialisme de gauche ressemble fortement au socialisme de droite, c'est la fonction publique. 

Certes, le président de la République et sa majorité ont donné des gages à la fonction publique. Certes, malgré le contexte de soi-disant austérité budgétaire, la dépense publique consacrée à la rémunération des fonctionnaires va continuer à légèrement progresser, ne serait-ce que du fait du système de l'avancement en age des personnes déjà en poste, quand bien même le point d'indice serait gelé.
Certes, le gouvernement veut recruter plus de profs, mais aussi plus de policiers, plus de juges, plus
d'infirmiers, bref plus de fonctionnaires sauf les militaires. 


Néanmoins, s'il y a bien une catégorie qui devrait se montrer méfiante vis à vis de son employeur, 
c'est bien les employés de la fonction publique nationale, territoriale et hospitalière.

Les fonctionnaires sont victimes, en partie, d'un système de management ultra court termiste qui dualise leur situation : soit employé à vie dans des fonctions bloquées (lire "débordée, de Zoé Shepard), soit, employé en CDD ou en auto entrepreneur (tiens ???) à temps partiel, par la Ville de Paris, par exemple.




La fonction publique, c'est un peu faites ce que je dis, pas ce que je fais. Pendant que le gouvernement veut tuer le statut de l'auto entrepreneur, la Ville de Paris trouve bien pratique de pouvoir faire travailler des gens avec un statut flexible, une heure et demi par semaine,  avec ce même régime, le tout pour imposer une réforme dont, manifestement, les parents d'élèves ne veulent pas. 

Comme quoi, certains trouvent un avantage à utiliser l'une des rares réformes intelligentes (et d'inspiration libérale) du précédent gouvernement.

Ceci étant dit : que les fonctionnaires qui liraient ce blog comprennent que les libéraux ne sont pas uniquement dans la critique. Oui, il faut une fonction publique pour s'occuper de la police, de la justice, de l'armée et de la diplomatie, même si des entreprises privées peuvent suppléer l'Etat sur une partie de ces taches (vigiles, justice d'arbitrage et armées privée si les parties prenantes y trouvent intérêt),ce qui ne veut pas dire qu'il faille lier statut et fonction (1), ce que l'Etat semble faire en catimini, d'ailleurs. Oui, des fonctions éducatives (qui, au passage, ne relèvent pas du domaine régalien de l'Etat) peuvent être accomplies par des auto entrepreneurs sans que cela ne soit une indication, positive ou négative, de qualité de la tache effectuée. 

Le précédent gouvernement avait une philosophie intéressante : moins de fonctionnaires, mais mieux payés. Il n'est pas du tout allé au bout de la logique, rendue d'autant plus indispensable que les déficits publics imposent de réduire massivement la dépense publique dans sa totalité. Professeurs, est ce que vous ne vous plaignez pas fréquemment de vos salaires ? Ne préféreriez-vous pas
Ils jouent contre leur camp
gagner 40% de plus, et avoir des niveaux de rémunération comparables à ceux dont profitent vos collègues d'outre-Rhin ?

Comprenez que les libéraux, en voulant lutter contre le jusqu'au boutisme de quelques syndicats de la fonction publique qui veulent recruter toujours plus, sont en réalité en phase avec cette vision de moins de fonctionnaires mais mieux payés, et sous des statuts variés, en fonction des choix de chacun.



(1) Collectif Antigone : Supprimer le statut de fonctionnaire

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