mardi 3 septembre 2013

Disparition du «crime» dans la sociologie contemporaine, de Lucien Samir OULAHBIB

2 septembre 2013, 14:59 Auteur : ldwoillemont 0 commentaire

sociologieoulahbib
Quelle heureuse coïncidence que la lecture de ce livre et la mise en œuvre par la soi-disant ministre de la Justice de sa reforme pénale.
Car Mme Taubira a trouvé une excellente solution à la douloureuse question de la
surpopulation carcérale. Marchant sur le pas de son prédécesseur place Vendôme, elle s’apprête donc à vider les prisons dans une proportion jamais atteinte jusqu’alors. Plus besoin d’attendre la mort pour se délecter dans le paradis d’une société sans conflit, sans délit, sans crime et sans peine ni sanctions. Car sur le plan qualitatif pur, rien de nouveau par rapport à la loi Dati sur l’application des peines, qui avait stipulé que toute peine de prison inférieure à deux ans ferme devait mériter un aménagement sérieux. En gros je n’exécute pas ma peine tant qu’elle est inférieure à deux ans fermes.
Mme Taubira, elle, veut porter cette limite à 5 ans. Il serait intéressant de savoir quelle est la proportion de la population carcérale qui purge une peine de plus de 5 ans de prison ferme et pour quel motif. Et inversement, ce serait encore plus passionnant. En gros quel type d’infraction, de délit et de crime puis-je commettre qui soit condamnable à 5 ans de prison ferme moins un jour et qui m’assure d’une impunité totale. Naturellement une directive interne permettra d’aider les juges dans leur appréciation de la situation. Il est vrai qu’au moins en ce qui concerne ceux du syndicat de la magistrature ils n’auront pas besoin de cette directive puisqu’ils la mettent déjà en pratique. Ils ont bien compris, eux, avant les réformes Dati et Taubira que les cons, ce sont les victimes.
Il est à noter, pour donner une idée du mépris que nous accordent nos présidents de la République (que reste-t-il de la chose publique la dedans ?) en nommant Mme Dati à la double nationalité, donc sujette du roi du Maroc et Mme Taubira, indépendantiste assumée et revendiquée, au seul ministère véritablement régalien. Ce désordre intrinsèque établi au sommet de l’État est bel et bien délibéré et poursuivi de majorité en majorité dans le but très clair d’humilier les patriotes et de déstabiliser les esprits. D’où l’impérieuse nécessité d’y remédier en menant des actions de fond, de nature à reconstruire les âmes et redonner souffle à l’amour la patrie. Contre-attaque agit dans ce sens.
Savoir quelle est la population type qui va sortir de prison ou ne va pas y enter aidera peut-être à comprendre le non-dit de cette réforme, son cœur de cible comme on dit. Gageons que la légitime défense n’en fera  pas partie. Suggérons même à Mme Taubira de supprimer complètement ce concept du droit français. En effet, il n’aura plus sa place ; il n’aura pas matière à s’exercer car il n’y aura plus de sanctions contre le vol ou l’agression physique par exemple. Parfois même un meurtre n’est puni que de quelques années de prison. Un célèbre chanteur n’a-t-il pas passé environ 5 ans derrière les barreaux pour avoir fracassé à mort sa compagne. Il est vrai qu’il est le beau frère d’une ministre du gouvernement ; on est donc en phase.
Que restera-t-il après cette réforme de la prétention majeure de la Révolution Française d’assurer la « sécurité des biens et des personnes » pourtant inscrite dans l’un de ses textes fondateurs, la fameuse « Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen ». Plus on rajoute de majuscules, plus on est sur que c’est une imposture.
Et que nous apporte le livre de Lucien Samir Oulahbib dans ce débat ? L’essentiel. C’est-à-dire la dénonciation scientifique des présupposés idéologiques, et du fondement intellectuel qui préside à ce type de déconstruction totale de la société.
C’est la raison pour laquelle ils est primordial de le lire. Ce livre est un acte combattant, mais non partisan, au sens militant de ce terme, car il repose sur une analyse sérieuse et des connaissances encyclopédiques sur la sociologie, fruit de nombreuses années de travail et de lectures considérables et bien assimilées.
Clair et bien construit il suit un plan démonstratif qui convainc.
En réalité pour analyser le comportement humain singulièrement en ce qui concerne l’acte délictueux il y a deux écoles principales : celle que l’on pourrait appeler environnementale et celle qui considère la responsabilité de l’individu comme primordiale.
En remontant un peu dans le passé dans la longue mémoire de l’histoire de l’humanité, il est facile de situer la naissance de la seconde école avec l’enseignement du Christ. Cela débouchera sur la grande aventure du génie occidental, ses réussites inouïes jalousées par les autres civilisations, et qui ont pour moteur une vision de l’homme libre et responsable devant Dieu et devant les hommes. Certes cela n’est pas écrit en toutes lettres dans ce livre mais je ne vois pas où sourcer ailleurs cette approche intellectuelle. Ce qui ne veut pas dire que l’auteur soit croyant ou pas ; peu importe en vérité.
Dès les premières pages du livre, l’ennemi est annoncé;  il s’agit de la SDC «sociologie déterministe/constructiviste» qui met en avant «l’échec scolaire», «l’exclusion», la «stigmatisation» voire la «domination de la société occidentale». Ce SDC récuse la notion même de crime. Du coup la victime réelle est remisée au statut dommage collatérale. Par opposition, il se réfère à deux sociologues, Maurice Cusson et Raymond Gassin, qui mettent à nouveau en avant la question de la responsabilité de l’individu criminel en tant que cet être libre décide de devenir injuste.
L’exemple type est Mohammed Merah. Combien de jeunes gens en France sont dans la même posture existentielle et identitaire (je veux dire par là totalement privé d’identité) que lui ? Des centaines de milliers pour ne pas dire des millions. Incapable de se stabiliser ni sur le plan professionnel ni sur la plan affectif ni sur la définition d’une patrie, la France honnie ou l’Algérie mythifiée («le bled» ), ou même d’une religion ; que sait-il de l’islam et de quel islam se réclame-t-il ?, un père absent qui se réveille pour faire un procès à l’État français, une mère « respectée » mais dont on se moque bien des conseils. Bref, un jeune français d’aujourd’hui de la «banlieue»,  tout à fait «normal». À part quelques stages en Afghanistan ou ailleurs. Mais qu’est-ce qui le distingue de ses congénères qui applaudissent à ses actes? Le passage à l’acte justement. Et pourquoi lui et pas un autre?
OULAHBIB nous explique pourquoi. Ce livre ne traite pas que de ce cas, loin de là. Mais il démontre que les explications sociologiques de l’excuse ne tiennent pas, qu’elles ne sont pas crédibles, ni sur le plan sociologique, ni sur le plan psychologique ni même neuronal.
Il cite un autre exemple d’un Congolais qui aurait pu finir comme Merah parce qu’il a commencé comme lui. Mais un jour il bascule. Par amour, de caïd de banlieue et de guerrier africain, il devint gardien, concierge et décide de se ranger.
Bref, c’est toute une approche renouvelée qui est proposée dans ce livre, avec en particulier la défense d’une nouvelle discipline initiée par Bauer et Raufer, reconnue dans tous les pays du monde, au Canada et en Chine en particulier, et qui a pour nom la criminologie.
Science sociale transverse que l’Université française a toute les peines du monde à reconnaître car cela va contre ses préjugés, combattus entre autre par Raymond Boudon que OULAHBIB reconnaît comme un maître. Parmi les victimes de ce livre figure en bonne place Michel Foucault et son maître Maurice Blanchot, disciple lui-même, entre autres nuisibles, de Nietzsche.

Ce livre de combat pour une vraie sociologie est à mettre dans toutes les mains ; les esprits aliénés pour qu’ils se libèrent et les esprits libres pour qu’ils se confortent.

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