Ce n’est pas le moindre des mystères de François Hollande : comment un président qui réforme si peu, qui esquive plus qu’il ne décide, qui recule pour mieux se maintenir peut-il être, après dix-huit mois de pouvoir à peine, à bout de souffle ? Le chef de l’Etat s’approche de ce point de non retour où son discrédit, son impopularité corrodent la moindre de ses initiatives, minent la plus ténue de ses interventions. Plus il s’époumone et plus il suffoque. Pourquoi ?
C’est qu’il court, le président de la République, il court à perdre haleine… Il court après des
citoyens, y compris et d’abord ses propres électeurs, en colère de ne pas comprendre ce qu’ils peuvent espérer des sacrifices demandés. Il court après une ligne idéologique obsolète, imposée par une majorité coupée des réalités, portée par un PS aussi dépassé que désemparé, incapable d’appréhender la nouvelle donne sociale. Il court après une erreur de politique originelle : au nom d’une justice qui sonne faux, avoir fait croire que la hausse des impôts sur les seuls riches suffirait à redresser le pays, que la baisse des dépenses publiques pouvait attendre. Il court après une sortie de crise dont il ne dit rien de ce qu’elle sera vraiment, après une baisse du chômage, devenue planche de salut politique. Il court après un modèle hérité des Trente glorieuses devenu caduc, après un Etat impotent d’avoir été trop omnipotent, après une classe moyenne en déclassement et une classe populaire en délabrement.
Dans un climat quasi-insurrectionnel, ce président essoufflé court derrière une France qui gronde pour se faire entendre. Il l’écoute, mais saura-t-il lui répondre ?