C’est une bonne nouvelle : un ministre de François Hollande se déclare ami des entreprises. Chance supplémentaire, il s’agit du ministre de l’Economie et des Finances, Pierre Moscovici, qui publie un livre principalement consacré à cet objectif : faire reconnaître son positionnement et incarner cette politique. Ami des entreprises…
C’est un aveu qui ne va pas de soi, un moyen sûr en politique de se créer de solides inimitiés.
Chez les patrons, bien sûr, qui seront nombreux à juger sur pièces, à préférer le concret aux généralités et l’action au phénomène d’édition. D’ailleurs, si l’amitié pour une cause se mesure à l’aune de la pression fiscale, alors il reste à Pierre Moscovici de bonnes marges de progression. Mais chez les politiques aussi, s’afficher proche des entreprises est risqué. Et c’est malheureusement vrai de droite comme de gauche : à droite, c’est l’assurance de se faire caricaturer comme ami non pas des entreprises mais des patrons, et forcément compère des riches. A gauche, c’est la promesse d’affronter un procès en suspicion légitime, celui de la trahison de classe.
C’est sûrement là qu’il y a le plus de travail à faire : convaincre son camp, faire taire les dogmatiques, les grands prêtres de la redistribution, les champions de la socialisation. Certains de ses prédécesseurs socialistes à Bercy y ont réussi ; ils ont tous laissé la trace des grands. Fort heureusement (pour lui, et pour sa cause), le ministre de l’Economie n’est pas seul dans cette affaire : il se retrouve aux côtés de François Hollande, autoproclamé « Président des entreprises ». Enfin, il devrait se retrouver à ses côtés, si toutefois le chef de l’Etat renonce à ce qui signe le plus sûrement sa politique actuelle : le zig-zag.