Tenir et risquer des affrontements violents dans le pays, ou céder et payer le prix de l’humiliation, l’affaire de l’écotaxe était tellement mal engagée qu’il n’y avait, pour en sortir, que de mauvaises solutions. De ce point de vue au moins, le gouvernement n’a pas déçu.
Certes, le recul du pouvoir était la moins dangereuse des options, mais au bout de quelques semaines d’empilement d’affaires toutes plus mal gérées les unes que les autres, le gouvernement de la France se retrouve incapable d’agir, bloqué, paralysé. Les réformes, forcément douloureuses, semblent désormais quasiment impossibles à imposer : il se trouvera toujours des bonnets rouges ou verts, bleus ou roses pour se révolter. François Hollande promettait la France apaisée ; nous aurons la France arrêtée.
Il y a quelques mois encore, le président normal, faisant le fier-à-bras, donnait pourtant la
leçon à ses voisins : « Il faut de la croissance, de la croissance vous dis-je. » Et d’expliquer que grâce à nous, l’Europe avait enfin retrouvé une ambition. Quelle rigolade ! Et que doivent aujourd’hui penser l’Allemagne, mais aussi et surtout l’Espagne, la Grande-Bretagne et l’Italie, pays qui, revenant tous de loin ont affronté leurs problèmes, conduit de profondes réformes, enclenché la baisse du chômage et retrouvé la voie du redressement de leur économie ? Il n’y a pas la moindre chance pour que l’on y porte sur François Hollande un regard différent du nôtre. Dès lors, le crédit de notre pays, sa fiabilité auprès de ses partenaires, sa notation auprès des marchés vont inévitablement se détériorer. Et dans notre monde en constante mutation, l’immobilisme se paye cher, et cash. Il promettait la France apaisée, nous risquons une France déclassée.