Qu’en termes délicats ces choses-là sont dites : « Les collectivités locales doivent davantage participer à l’effort de redressement des comptes […], ce qui implique un freinage effectif des dépenses de fonctionnement […] sans que soit remise en cause la qualité des services publics. » C’est évidemment la Cour des comptes qui s’exprime ainsi, dans un de ces rapports qu’elle publie désormais à jet continu. Mais, est-ce la fréquence de ses avertissements, est-ce son langage tout en lourdeurs administratives ? Le fait est qu’on n’écoute plus guère ses injonctions.
Pourtant, la Cour dit des évidences comptables : la France croule sous la dépense publique. Il
faut faire mieux pour moins cher, rechercher une meilleure qualité de service à un moindre coût.
Voici un autre exemple, magnifique, de cette réalité : il importe, dit la Cour des comptes à propos des projets du gouvernement en matière d’organisation du territoire, « que le nouvel acte de décentralisation intègre explicitement un objectif de rationalisation et d’efficience de l’exercice des compétences par les différents niveaux de collectivités ». Ce qui signifie : « Au secours, ils sont en train de rajouter un nouvel étage administratif au mille-feuilles communes-départements-régions déjà existant ! »
La Cour le dit, mais on ne l’entend pas. Or ce sont les mêmes raisons qui font que les Français n’écoutent plus ceux qui les gouvernent : langage ampoulé, difficulté à dire les choses, à nommer la vérité. Peut-être ceux qui nous gouvernent ou aspirent à revenir au pouvoir devraient-ils s’interroger sur la façon dont ils s’adressent aux Français ? Ça ne remplace pas la bataille des idées, mais ça devrait éviter que ne s’accentue la coupure, terrible dans les urnes, entre le peuple et ceux qui le dirigent.