Jamais un président français n’avait été accueilli avec tant de chaleur en Israël. L’enthousiasme du Premier ministre Benjamin Netanyahu pour son nouvel ami François Hollande n’avait qu’une cause : la façon dont Paris a bloqué la conclusion, le 10 novembre à Genève, d’un accord international avec Téhéran. En échange d’une décision de l’Iran de brider son programme nucléaire, dont on sait qu’il est à finalité militaire, la communauté internationale était prête à alléger les sanctions qui le frappent. La France a jugé que l’accord proposé n’offrait pas assez de garanties.
Les négociations vont reprendre mercredi à Genève. Avec d’un côté un pouvoir iranien qui
n’a jamais été aussi désireux depuis 1979 de restaurer la relation avec Washington, et de l’autre une puissante coalition internationale autour des Etats-Unis, de la Russie, de la Chine, du Royaume-Uni et de l’Allemagne qui œuvre à la conclusion d’un accord, Paris n’aura sans doute d’autre choix que de composer. Une couleuvre de plus pour François Hollande qui avait déjà été pris à contre-pied lorsque, le 31 août, la volte-face de Barack Obama l’avait contraint à renoncer à frapper la Syrie de Bachar el-Assad.
Ce n’est pas forcément un mal que la France défende ses positions sur la scène internationale. En l’occurrence, sur le dossier iranien, elle a des arguments à faire valoir. Ce qui serait contreproductif, ce serait que la décision française de torpiller l’accord du 10 novembre, pour mieux l’accepter quelques semaines plus tard, n’ait été motivée que par le souci d’assurer à François Hollande un voyage triomphal en Israël. Un risque diplomatique immense aurait alors été pris pour un gain très éphémère.