lundi 30 décembre 2013

Quand les élites font défaut... Ce que chacun d'entre nous peut faire pour améliorer son sort en 2014

Voici les bonnes résolutions à prendre en matière d'éducation, de fiscalité ou encore de santé pour que l'année à venir soit meilleure que la précédente.

Bien commencer l'année

Publié le 30 décembre 2013
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 Crédit Flickr / woodleywonderworks

Atlantico : Epargne & assurance vie : où placer son argent pour qu'il soit en sécurité en 2014 ? 

Simone Wapler : Compter sur les "élites" pour gérer ses propres affaires, c’est un bien naïf. Laissez donc le Président Hollande guetter "à l’horizon" le retour de la croissance et prenez en main vos propres affaires.
Je trouve d’ailleurs formidable qu’autant de citoyens fassent encore "confiance" aux hommes du système. Pour le moment la confiance est à son apogée alors que les manipulations monétaires ne profitent qu’aux 1% les plus riches, ceux qui sont tout proches des robinets de la création monétaire. Le chômage reste important, même aux Etats-Unis. Les scandales se multiplient dans le milieu bancaire : Libor, Euribor, Forex, fixing de l’or et, plus récemment, en France loi rétroactive d’amnistie bancaire. Quand aux établissements financiers et bancaires en qui vous avez confiance, ils excellent à créer le véhicule d’investissement "… qui vous convient parfaitement monsieur Michu" – vous savez, ces produits sophistiqués – ceux avec capital garanti et promesse de participer à la
hausse des marchés mais attention à la durée d’immobilisation, aux frais de gestion et au pourcentage des gains qui vous sont confisqués… sans oublier les clauses figurant au dos de la page 16, écrites en gris clair sur fond bistre. Il convient surtout parfaitement à la banque, assurance, et surtout au salaire de votre "conseiller bancaire personnalisé qui connaît vos besoins mieux que vous-même". Quand aux "élites" ? Les scandales se succèdent et tant qu’elles afficheront autant de mauvaise foi et refuseront d’ôter leurs œillères, vous n’avez qu’à compter sur vous-même.
L’épargne n’est plus en sécurité dans votre banque depuis le lamentable épisode chypriote. Lorsque vous déposez votre argent en banque, il ne vous appartient plus et vous devenez créancier de votre banque.
Avant Chypre, il était admis que si un malheur arrivait à votre banque, c’était l’État  (l’ensemble des contribuables) qui renflouait. C’est ce que l’on appelait le système du "bail-out". C’est ainsi que même lors du naufrage du Crédit Lyonnais, pas un déposant ne fut floué. C’était donnant-donnant puisque la loi vous oblige à détenir un compte en banque.
Chypre a montré que désormais, nous changeons de système et ce seront désormais les déposants et actionnaires qui devront renflouer : c’est le "bail-in". Pour le moment, il existe une garantie implicite que seuls les comptes au dessus de 100 000 euros seraient touchés. Cette distinction est en soi stupide : quid de la trésorerie des entreprises ou du malheureux déposant qui vient de vendre un bien immobilier ou son outil de travail ? Mais si les autorités renonçaient à une décision au simple motif qu’elle est stupide, depuis le temps, cela se saurait. De surcroît, pour préparer politiquement la voie, le Fonds monétaire international a suggéré en octobre dernier qu’une taxe – exceptionnelle bien sûr – de 10% sur les dépôts pourrait être une solution pour sortir l’Europe du surendettement. Donc votre épargne n’est plus en sécurité dans votre banque.
A vous de la "débancariser" ou en tout cas, de diversifier les risques dans plusieurs établissements. Les moyens ne manquent pas : détenir des actions au nominatif pur, acquérir des parts de SCPI (Sociétés civile de placement immobilier), morceler votre épargne dans différents établissements bancaires de réseau (des "too big to fail" et des plus petits banques indépendantes en commandite...) Surtout si vous attendez un gros virement qui va rester un certain temps en attente de réemploi ! Veillez à ne surtout pas avoir plus de 100 000 euros par compte.
Les 50 premières banques européennes ont encore besoin de 185 milliards d’euros de capital dont 110 milliards d’euros de fonds propres supplémentaires, estime Standard & Poor's (S&P) dans une étude publiée mi décembre 2013. Cependant, poursuit l’agence, le niveau de capital "ne dit pas toute l’histoire de la solidité financière d’une banque". La revue de qualité des actifs menée par la Banque centrale européenne l’année prochaine sera cruciale. La crise financière est loin d’être terminée, les taux bas, les prêts de la BCE ne font que masquer l’insolvabilité. S’il ne vous fallait qu’un seul argument, c’est celui là : le marché interbancaire est toujours gelé. Donc si les banques ne se prêtent pas entre elles par déficit de confiance, pourquoi vous, déposant, leur prêtez-vous ?
Du point de vue de l'assurance vie, il faut privilégier les contrats multi-supports en actions et sortir des fonds en euros dit à capital garanti. Le capital n’est pas du tout garanti car il s’agit de dette publique. A l’automne dernier, les Polonais se sont vus confisquer arbitrairement l’équivalent de leurs assurances vie en zloty lorsque les taux ont grimpé en Pologne. Que pensez-vous qu’il va arriver en France si les taux montent ? Resterez-vous avec votre contrat qui vous rémunère 2,7%  (rendement 2013) alors que les nouveaux taux dépassent 3% ? Que feront les assureurs quand ils seront confrontés à des demandes massives de retrait ? Les sorties seront gelées (au mieux). En revanche, il est beaucoup plus difficile pour les autorités de geler les sorties des fonds en actions.Pour conserver les avantages d’un vieux contrat en euro, demandez à votre assureur de le transformer en contrat multi support et à bénéficier de l’amendement Fourgous.Invoquez la sacro sainte règle de prudence par la diversification. Quant au  livret A, qui est placé en dette française, si vous voulez confier votre épargne à ceux qui rêvent de vous la confisquer, après tout, c’est votre problème…

Fiscalité : comment les Français peuvent-ils améliorer leur sort ? 

Simone Wapler : Fiscalité et optimisation fiscale ? Les lois rétroactives pleuvent, ne vous jetez pas sur un investissement au motif qu’il y a un avantage fiscal à la clé. Un investissement doit être rentable en soi, point final. Le seul avantage sur lequel vous pouvez compter c’est celui qui est pris à l’entrée, une fois pour toutes. Rappelez-vous de l’imposition sur la plus-value immobilière. De 15 ans, une loi a décidé de passer la durée de détention à 30 et ce, de manière rétroactive ! L’État a besoin d’argent, de beaucoup d’argent, il n’y aura pas de pause fiscale. La seule niche qui semble avoir encore échappé à la rapacité de Bercy est la forêt, qui a récemment été qualifiée de "puits de carbone érigé au rang d’intérêt général".
Manon Sieraczek : L’adoption définitive de la loi de finances pour 2014 semble mettre au cœur des préoccupations la lutte contre l’optimisation fiscale s’inscrivant ainsi dans la continuité de la volonté française et internationale de lutter contre les pratiques fiscalement agressives.
Outre la loi du 6 décembre 2013 de lutte contre la fraude fiscale qui prévoit un durcissement des conditions de contrôle en cas de fraude, la loi de finances pour 2014 prévoit des mesures fiscales plus contraignantes pour les entreprises parmi lesquelles une taxe exceptionnelle sur les hautes rémunérations versées par les entreprises de 50% au lieu des 75% annoncés par François Hollande ou encore un durcissement des règles applicables aux prix de transferts afin de lutter contre les transferts indirects de bénéfices.   
Le durcissement de l’optimisation venait même jusqu’à présenter les schémas d’optimisation à l’administration mais le Conseil constitutionnel a censuré cette disposition. Les niches fiscales stars comme le crédit d’impôt recherche ou le crédit d’impôt compétitivité sont conservées mais les contrôles fiscaux sont renforcés. Alors que Jean-Marc Ayrault annonce une mise à plat de la fiscalité, la pause fiscale ne sera pas pour 2014 !

Innovation : les entrepreneurs doivent-ils abandonner les systèmes d'aides qui sont extrêmement contraignants en termes de temps et de personnels pour se tourner vers des initiatives privées ?

Erwan Le Noan : Les entreprises savent que les dispositifs d’aides sont souvent très ambivalents : ils tentent de corriger des problèmes structurels et peuvent constituer des apports importants, mais dans le même temps ils sont généralement très instables et donc impossibles à intégrer dans des plans à long terme. C’est probablement parce qu’ils sont conçus pour répondre à des demandes ponctuelles et sont la preuve d’une volonté politique déterminée de ne surtout pas s’attaquer au fond des sujets et de se contenter de les traiter à la marge (on distribue quelques centimes pour compenser les milliers d’euros extorqués par l’impôt).
Ignorer ces dispositifs d’aides publiques serait idiot, compte tenu des contraintes réglementaires et fiscales qui existent par ailleurs. Mais il ne faut pas bâtir ses plans uniquement avec eux. La bonne solution est probablement de se tourner à la fois vers le public et le privé pour multiplier les ressources et les opportunités et ne pas surtout dépendre uniquement d’aides publiques incertaines.

Education : face au déclin progressif de l'Education nationale, faut-il réfléchir à des méthodes parallèles ?

Erwan Le Noan : Si le service éducatif offert par le public ne fonctionne pas, il est sain de chercher une alternative. Les difficultés de l’Education nationale expliquent la fuite des familles vers des offres alternatives et le succès du privé (sous contrat, hors contrat, confessionnel ou non et quelle que soit la religion). On sait que les cours particuliers explosent et que le nombre d’établissements hors contrats augmente.
Contrairement à ce que l’on croît, le secteur privé éducatif n'est pas forcément très cher et de très nombreuses écoles sont accessibles aux familles les plus modestes. Celles qui le peuvent n’hésitent d’ailleurs pas longtemps pour changer leurs enfants d’école (question qui ne se pose pas dans le très chic 6ème arrondissement de Paris où public et privé sont excellents).
Cette concurrence du privé peut avoir l’effet d’une saine émulation (mais en France il existe un monopole légal de l’Etat). Aux Etats-Unis, les établissements publics ont été incités à innover et ceux qui sont gérés "comme du privé" (les charters schools) connaissent un tel succès (résultats fulgurants comme à La Nouvelle Orléans) que là où ils existent les établissements privés perdent des élèves.

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