lundi 27 janvier 2014

Les deux François : le grand et le petit

crit le 26 jan 2014 à 11:41 par Christian Vanneste dans Poing de vue
 

« Il est bien utile, le Pape… Il est même précieux. Notamment pour la Syrie… » Cette « justification » par M. Hollande de sa visite au Vatican révélait ce qu’a de profondément anormal la Président que nous subissons : une médiocrité qui bat tous les records. Il est champion du monde. Il allait rencontrer celui qui est à la tête de la communauté religieuse réellement unie et organisée qui compte le plus grand nombre de fidèles sur notre planète : 1,2 milliard. Il avait demandé à être reçu par le chef de la religion qui a eu le plus grand poids dans l’histoire de notre pays et il trouvait cette visite « utile ». Une demi-heure d’entretien avec traduction puisque le Saint-Père a parlé italien, c’est trop peu pour la confession d’un chef d’État dont la politique et la vie personnelle, forcément publique, affichent un mépris souverain pour les valeurs de l’Église catholique. C’est peu pour évoquer les questions internationales sur lesquelles la diplomatie vaticane a un regard particulièrement informé. C’est évidemment suffisant pour la photo dont M. Hollande attendait quelque bénéfice auprès des électeurs catholiques qu’il a malmenés avec une constance désinvolte qui n’est pas éloignée du dédain depuis son accession au pouvoir. Il s’agissait d’une rencontre entre Souverain-Pontife et Président de la République, entre chefs d’État, mais elle a été suivie d’un dialogue un peu plus long avec le Secrétaire d’État et d’un repas entre M. Hollande et des prélats français.

« Une demi-heure d’entretien avec traduction puisque le Saint-Père a parlé italien, c’est trop peu pour la confession d’un chef d’État dont la politique et la vie personnelle, forcément publique, affichent un mépris souverain pour les valeurs de l’Église catholique. »

Les deux François : le grand et le petit« France, qu’as-tu fais de ton baptême ? » interrogeait Jean-Paul II. La question est toujours d’actualité. Les réponses des membres actuels de l’exécutif sont claires : ils n’en ont rien à faire. Ou plutôt si. Faute de respecter la spiritualité chrétienne, d’imiter l’Église dans son attention envers les plus pauvres, en se concentrant sur les problèmes économiques, ils ont déterré la hache de guerre du laïcisme de combat, oubliée depuis le petit père Combes. Peillon se veut la réincarnation de Ferdinand Buisson et prétend éradiquer toute trace de déterminisme religieux dans l’éducation, pour y substituer l’endoctrinement de théories aussi contestables que l’idéologie du genre. Les Affaires étrangères ont été à la pointe dans la volonté de déstabiliser le régime syrien dont l’effondrement menacerait le maintien en Syrie d’une des plus vieilles communautés chrétiennes du monde. L’incroyable imprudence de la France dans ce dossier a même failli nous faire entrer en guerre aux côtés des djihadistes qui persécutent les chrétiens. Le ministre de l’Intérieur commence à s’inquiéter des « Français » qui vont faire la guerre sainte en Syrie. Son empressement à stigmatiser les atteintes aux synagogues et aux mosquées ne se manifeste guère lorsqu’il s’agit d’édifices catholiques. M. Valls a l’indignation sélective. On comprend que le visage du Saint-Père soit demeuré grave lorsqu’il a accueilli un chef d’État manifestement dans ses petits souliers.

« Le Saint-Père dont l’authenticité est si populaire n’est pas un instrument de communication. C’est un éveilleur de conscience. S’il a accompli ce miracle avec M. Hollande, alors, la visite aura été « utile » à ce dernier. »

Le discours du Président et le communiqué du Saint-Siège ne laissent aucun doute sur la divergence des points de vue. M. Hollande s’est fait le porte-parole des opposants syriens « modérés » du Conseil National. Celui-ci, qui avec le soutien des occidentaux, est à l’origine de la guerre civile, recule à la fois devant l’armée syrienne et devant les islamistes. Il n’est pas soutenu par la majorité des chrétiens ni des Églises, notamment les Melkites qui forment l’une des églises catholiques d’Orient, fortement implantée en Syrie. Le Saint-Siège a souligné que les questions de la famille et de la bioéthique ont été abordées, ce qu’avait omis de préciser le Président. Bref, ils ont mis l’accent sur un point commun, le souci de la dignité humaine, mais chacun voit bien sur des sujets comme la naissance ou la fin de vie qu’ils ne lui donnent pas le même contenu. Quant à la laïcité tolérante et ouverte aux débats vantée par M. Hollande, bousculés dans la rue, négligés par les Assemblées, méprisés par le Conseil économique, social et environnemental, les Catholiques savent qu’elle leur est, avant tout, hostile. Quelques naïfs se laisseront peut-être séduire par une opération de communication destinée à redorer le blason présidentiel. C’était la seule « utilité » qu’envisageait le Président, mais il est probable que ce virage insincère ne trompera pas grand monde. Le Saint-Père dont l’authenticité est si populaire n’est pas un instrument de communication. C’est un éveilleur de conscience. S’il a accompli ce miracle avec M. Hollande, alors, la visite aura été « utile » à ce dernier.

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