Sa séparation avec sa compagne clarifiée, François Hollande peut-il enfin « passer à autre chose » ? N’en déplaise à ceux qui veulent escamoter le tournant privé pour ne retenir que le virage public, rien n’est moins sûr !
Passons sur la forme de cette répudiation, monarchique jusque dans son indélicatesse. Dix-huit mots secs, dont trois impérieux « je » : la stratégie de récupération pour réconcilier l’homme privé avec « Moi, président », pour sauver une autorité affaiblie, pour réparer une fonction abîmée, apparaît grossière. Passons sur l’éternel débat à propos du rôle dévolu à la « première dame ». Dès lors qu’elle s’est immiscée dans le champ politique avec son tweet
ravageur, Valérie Trierweiler a révélé l’intenable ambiguïté d’une position qui mérite moins un statut qu’une codification à l’égard des conjoints, afin d’éviter les interférences parasitaires. Passons sur la controverse à propos du droit du chef de l’Etat à une vie intime quand ses spin doctors n’ont de cesse de mettre en scène un dirigeant habité jour et nuit par son devoir, ses responsabilités. Pas de curiosité malsaine, mais pas d’impunité, ni de duplicité non plus.
Au moment où s’engagent à Matignon les négociations sur le « pacte de responsabilité », alors que l’agence Moody’s s’inquiète de la sincérité des réformes annoncées, ce choc entre rupture intime et rupture social-démocrate va bien évidemment peser sur la suite du quinquennat. L’élection présidentielle sous la Ve république est, paraît-il, la rencontre d’un peuple et d’un caractère. Quelle est donc la vraie nature de François Hollande ? Qu’il passe pour l’homme des pactes rompus, et la confiance se sera à jamais évanouie.
Rémi Godeau