A qui le tour ? Les taxis symbolisent tant cette France verrouillée, étouffée, paralysée à force de numerus clausus, d’autorisations administratives et de secteurs réglementés que la décision du Conseil d’Etat sonne comme un avertissement pour tous les « rentiers ». Certes, en suspendant le décret anti-VTC, le juge administratif n’a pas statué sur le fond. Mais comment ne pas voir dans sa défense de la liberté de commercer un signal contre toutes ces professions qui prospèrent à l’abri du bouclier étatique ?
Formés au dirigisme et suspicieux vis-à-vis de la concurrence, nos dirigeants n’ont jamais voulu voir la vérité en face : les rentes de situation anémient la croissance, brident l’emploi,
freinent l’innovation. Par clientélisme sans doute, ils ont préféré le dividende électoral immédiat d’une défense des privilèges à un gain plus lointain sur le front du chômage. Au risque d’encourager le statu quo dans une économie en pleine mutation. Pour les agents de change ou les commissaires-priseurs, l’ouverture a été imposée par Bruxelles. Pour les pharmaciens, les notaires, les hôteliers, les opticiens, les libraires ou les vétérinaires, elle viendra de la révolution numérique pour qui le client est au centre de tout.
Dans son virage social-démocrate, François Hollande osera-t-il ajouter à son pacte de responsabilité une once de libéralisation ? Il peut choisir de suivre son ministre du Redressement productif, prompt à railler « l’esthétique de la concurrence pour la concurrence ». Ou écouter Jacques Attali, visiteur du soir, qui dénonçait en 2008 ces « réglementations obsolètes qui créent un climat défavorable à la croissance ». Il est temps de laisser sa chance à la liberté d’entreprendre.
Rémi Godeau