vendredi 14 février 2014

L’étrange défaite de la France dans la mondialisation


Ouvrage d’Olivier Marteau (Editions Eyrolles-Atlantico)

Olivier Marteau est chef d’entreprise. Son expérience du terrain, ses déplacements (il passe la moitié de l’année à l’étranger), ainsi que ses connaissances de l’économie l’ont poussé à écrire cet ouvrage qui montre, preuves à l’appui, comment la France a perdu la bataille de la mondialisation. Enarques, politiques incompétents et étatistes, dépenses publiques extrêmement élevées ainsi qu’une imposition confiscatoire font partie des principaux chefs d’accusation de l’auteur. Sans langue de bois mais avec une solide argumentation chiffrée et comparative, Olivier Marteau passe en revue les ravages de l’Etat providence ...

Nos faux champions du CAC 40

32 sociétés françaises figurent parmi les 100 plus grandes entreprises européennes ainsi que 39 groupes tricolores parmi les 500 premiers au monde en matière de chiffre d’affaires selon le magazine Forbes. Nos poids lourds nationaux captent des parts de marché qui dépassent largement le poids économique moyen de la France. Et pourtant, derrières les cocoricos autour de cette réussite dans la mondialisation, dans la réalité, la plupart de ces groupes réalisent plus de la moitié de leur chiffre d’affaires au niveau national, pas en dehors de nos frontières. En cause : les très belles rentes de situation offertes par un marché intérieur protégé contre la concurrence internationale.
Faiblesse des PME à l’international, force des poids lourds du CAC 40 : le diagnostic le plus souvent formulé sur l’économie française est en général présenté comme étant sans appel. De fait, largement devant l’Allemagne ou le Royaume-Uni, la France est le pays européen qui classe le plus de champions nationaux dans les classements mondiaux des multinationales. Une performance qui se révèle en trompe-l’œil. 
C’est ce que montre notamment l’exemple de Vinci ou de Bouygues respectivement à la 3ème et la 8ème place des principaux acteurs mondiaux de la construction selon le classement d’Engineering News Record 2012. Pourtant, ces deux fleurons de l’industrie du BTP français réalisent plus de la moitié de leurs ventes en France : 64% pour Vinci et 60% pour Bouygues. 
Autant que leurs performances à l’international, la forte capitalisation boursière des grands groupes tricolores bénéficie de quatre atouts 100% made in France : la protection de l’Etat actionnaire, le monopole des marchés, les rentes sectorielles, et les commandes publiques.

Une élite incapable de relever le défi

La France a un incroyable talent : celui de produire une élite incapable de comprendre les réalités de l’entreprise. Un don en forme de malédiction qui s’explique par des hauts dirigeants politiques et économiques presque exclusivement issus de la sphère publique. Mais cela ne serait rien si ces derniers ne sacrifiaient pas notre compétitivité internationale au profit de ses propres intérêts à grands coups de serrage de coudes entre puissants.
En 2011, une étude de l’OpesC (Observatoire politico-économique des structures du Capitalisme) révélait que la moitié des dirigeants du CAC 40 était issue des Grands corps d’Etat. Vraisemblablement acquise à un étatisme protecteur, cette élite économique n’entreprend aucune réforme qui remette en cause l’emprise de l’Etat sur l’économie, trop soucieuse de préserver ses avantages. La consolidation des positions oligopolistiques des structures dont ils sont à la tête se fait alors au détriment de la compétitivité internationale de nos grandes entreprises. 
L’élite politique, par son parcours et sa composition, s’est également révélée incapable d’intégrer les changements économiques survenus dans le cadre de la mondialisation. La faute à son manque d’expérience du monde de l’entreprise : 55% des députés 2012 sont des fonctionnaires, tandis que tous les présidents, Premiers ministres et ministres de l’Economie ont réalisé leur parcours professionnel dans la sphère publique...

Un échec singulier parmi les pays développés

Alors que depuis dix ans, la plupart des pays développés se sont engagés à réduire la part de l’Etat dans l’économie ou bien encore le niveau de la redistribution sociale, la France préfère recourir au déficit public. Objectif : maintenir le niveau de vie des Français afin de cacher le déclassement du pays face à ses concurrents dans la course à la mondialisation.
Accroissement du nombre d’actifs employés dans la fonction publique, du niveau de la redistribution sociale, de la part des recettes publiques ramenée au PIB... et donc du niveau de déficit et de dette : les principales raisons du déclassement de la France face à ses concurrents des pays développés. Ayant entamé les réformes nécessaires, ces derniers ont pris conscience de la contrainte extérieure pesant sur leur économie. 
Pendant ce temps, la France donne l’illusion d’avoir maintenu, malgré tout, le niveau de vie des Français et ce grâce à l’accroissement massif de l’endettement. La réalité des chiffres est tout autre : selon Eurostat, le taux de parité de pouvoir d’achat des Français est de 108 depuis 2005 alors que la moyenne pour l’UE à 15 est de 110. Une politique qui, outre le creusement des déficits, ne stimule pas la croissance.

La société civile minée par la bulle étatique

Selon l’Insee, plus d’un tiers des emplois en France sont liés aux entreprises publiques et parapubliques ! Un chiffre qui surprend par son ampleur mais qui traduit surtout la dépendance des Français à l’Etat et entretenue par lui. Une logique encore renforcée par l’encouragement depuis 40 ans d’une immigration motivée par des questions sociales plutôt que par la recherche de travail et la production de valeur.
Fonction publique pléthorique, oligarchie d’entreprises para-étatiques, redistribution sociale représentant près de la moitié du budget de l’Etat, subventions abondantes... l’Etat s’est immiscé dans tous les rouages de l’économie. L’objectif : rendre un nombre croissant de citoyens dépendants de l’Etat en maintenant à un fort niveau la demande intérieure.
Pour cela, depuis plusieurs décennies, tous les gouvernements français, de droite comme de gauche, ont favorisé la venue de populations non qualifiées plutôt que des travailleurs ; c’est ainsi qu’en 2010, selon l’INSEE, 72% des entrées sur le territoire français répondaient au motif familial contre 9% répondant au motif travail. Un constat qui éclaire davantage sur les raisons du déclassement de la France dans la mondialisation. 
Le poids de l’Etat dans l’économie a d’autres conséquences au moins aussi dommageables : exode des plus riches et des entrepreneurs, destruction de richesse et perte d’emplois...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire