dimanche 2 mars 2014

La Chine avec Dongfeng devient actionnaire de Peugeot : le géant asiatique a-t-il des pieds d’airain ou des pieds d’argile ?

1 MARS 2014 par DE BEAUFORT HUBERT dans ECONOMIE, INTERNATIONAL, LA UNE avec 0 COMMENTAIRE

* Chronique de Hubert de Beaufort 
 
 
La nouvelle est officielle : le constructeur Dongfeng entre au capital de Peugeot pour 14% à égalité avec l’Etat et la famille. On reste un peu perplexe sur le côté financier de l’opération : un apport de 3 milliards d’euro, face à une capitalisation boursière de 4, 8 milliards et une perte 2012-2013 de 6,7 milliards d’euro.                
 
 
Yuan
 
                 
Deux vérités : un chiffre d’affaire Peugeot de 47 milliards d’euro et le futur marché chinois, et là nous entrons dans le mystère de cette Chine avec son 1,3 milliard d’habitants et cette croissance de 8 à 10% par an. Un mystère pour nous Occidentaux puisque nous avons à comprendre comment fonctionne ce dragon qui ne représente aucune référence historique.                                                                                                     
Une certitude : la Chine représente désormais le deuxième PIB mondial et Pékin ne cache pas sa volonté de
supplanter les USA d’ici quelques années tant sur les  plans économiques que géopolitiques.                                                                                                     
Deux atouts pour notre géant : en premier lieu un peuple courageux, travailleur et créatif et en second lieu sa démographie massive, si massive que l’Etat impose depuis des décennies l’impératif de l’enfant unique. Conséquences des deux atouts : des exportations massives ayant permis au trésor chinois de disposer d’un matelas de 2 000 milliards de dollars avec un boom constant de l’industrie et de l’immobilier.               
Cette croissance remarquable présente par contre des contreparties pouvant se révéler dramatiques et d’une ampleur à l’échelle du pays. Tentons d’analyser ces contreparties. Commençons par celles que nous subissons quotidiennement : la pollution et le réchauffement climatique. La Chine brûlant 1,5 milliard de tonnes de charbon chaque année, c’est déjà le premier pollueur de la planète : imaginons une consommation énergétique à l’Occidental !                                                                                                                    
Passons à la seconde contrepartie : l’absence de démocratie avec une dictature crypto-communiste omniprésente. Combien de temps encore un peuple de mieux en mieux éduqué supportera-t-il son absence de liberté?                                                               
Troisième contrepartie : la fuite en avant financière et immobilière. Le total de l’endettement public et privé représenterait deux fois et demi le PIB : est-ce exact et est-ce supportable ? Cela serait en partie due à une construction immobilière débridée pouvant constituer une bulle à l’espagnol.                                                                          
Objectivement la Chine se présente aujourd’hui avec huit pieds : quatre d’airain et quatre d’argile, à l’image de notre monde d’aujourd’hui qui vivrait avec  52 000 milliards de dollars  de dettes. Certains craquements devraient nous alerter: après la Grèce, ce sont l’Ukraine, une partie de l’Afrique, le Venezuela, l’Argentine qui font l’actualité.                               
Aujourd’hui la Chine vient au secours de Peugeot, mais ce devrait être l’occasion pour le FMI de hiérarchiser les risques en cours : la Chine se veut la deuxième puissance mondiale, c’est donc une majeure géopolitique. Qui garantit ses données économiques et financières ?    
La France doit certes régler ses déséquilibres, mais elle ne doit pas oublier que sa place au Conseil de Sécurité lui impose un devoir de vigilance, d’exemplarité et d’objectivité.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire