mercredi 28 mai 2014

Européennes : le PS entre déconfiture et immobilisme

28 MAI 2014 par THIEULLOY (DE) GUILLAUME dans LA UNE, POLITIQUE avec 0 COMMENTAIRE

Selon les mots mêmes du Premier ministre, les résultats des élections européennes sont un « séisme » politique. Pourquoi séisme ? D’abord, parce que l’abstention est restée à un niveau impressionnant (même si elle a un peu reculé par rapport à 2009) : autour de 57 %. Et, ensuite, parce que le Front national est sorti en tête de ces élections : autour de 25 %, nettement devant l’UMP (20,3 %) et le PS (moins de 14 %, soit son plus mauvais score de l’histoire aux élections européennes).
Pour être franc, je ne suis pas certain du tout que le diagnostic soit juste. Que le PS ait pris une claque, c’est assurément vrai – et je m’en réjouis vivement.
Que l’UMP ait pris une claque, comme l’ont dit la plupart des commentateurs, c’est nettement plus discutable : si l’on ajoute le score des listes UDI, en se souvenant que l’UMP avait fait listes communes avec les centristes en 2009, on obtient un score assez proche de celui de 2009, en voix comme en sièges.
Ce qui est plus inquiétant pour la droite dite « républicaine », c’est qu’elle est partie en ordre dispersé et que les
commentaires de dimanche – et les « affaires » – ont singulièrement ag­gravé la situation : quand un François Fillon indique que l’UMP a perdu sa crédibilité, ce n’est pas un excellent signal qu’il envoie aux électeurs.
Au-delà des résultats, la principale question est ce que les partis pourront en faire.
Du côté du PS, c’est clair : on ne change rien et on accélère. Tout le discours de Manuel Valls, dimanche soir, consistait à dire que les Français n’avaient pas encore compris les bénéfices merveilleux qu’ils devaient attendre de la politique socialiste, mais que cela allait bientôt venir et que, par conséquent, il fallait intensifier et accélérer les « réformes ». Les seules réformes entamées depuis 2012 étant l’aggravation des impôts et la destructuration de la société, cela promet bien du plaisir d’ici la fin du quinquennat!
Du côté du FN, le changement ne peut venir que d’une opposition résolue à « cette Europe-là ». Cela supposera un vrai travail d’opposition, ingrat sans doute, mais indispensable si le nouveau « premier parti de France » veut prouver aux électeurs qu’il est capable de gouverner. Cela supposera aussi – et ce n’est pas moins difficile – un travail d’alliance, en France et en Europe. En particulier, on peut se demander si le FN parviendra à former un groupe à Bruxelles. Ce sera, en tout cas, le premier test de sa capacité politique à dépasser le fameux « plafond de verre ».
Ce qui est certain, c’est qu’en matière de communication, le FN a vraiment franchi une marche : son discours a dicté le tempo de toute cette campagne électorale. En particulier, j’ai trouvé particulièrement intéressant l’adjectif utilisé par Florian Philippot (qui s’est révélé moins de gauche et moins technocrate que lors de ses interventions précédentes) pour désigner les élites « franco-sceptiques », répondant ainsi à la critique sur l’euroscepticisme du FN.
S’agissant de l’UMP, si elle est « en lambeaux », comme le dit la presse, ce n’est, encore une fois, pas du fait des résultats eux-mêmes, mais principalement du fait de l’absence de ligne politique. Sur l’Europe, il était particulièrement net que toutes les opinions pouvaient s’exprimer dans ce parti, du fédéralisme au souverainisme. Mais cela va bien au-delà de la question européenne : sur l’ensemble des grands sujets politiques, l’UMP est divisée.
Nicolas Sarkozy, lorsqu’il gouvernait, avait réussi à camoufler ses divisions, mais elles n’en demeurent pas moins bien réelles.
Personnellement, au-delà de la jubilation devant les mines consternées de la gauche caviar en ce dimanche 25 mai, je dois dire que ce que je retiens surtout de ces élections, c’est l’inquiétude.
Rien ne va changer. Le PS continuera à détruire la France jusqu’en 2017. L’opposition – ni le FN, ni l’UMP – n’est pas en état de reprendre le pouvoir et d’y mener une politique véritablement conforme aux intérêts de la France. Si victoire il y a, elle ne sera que par défaut, comme celle de Hollande en 2012. Avec, comme conséquence, la même absence de réforme importante.
Sommes-nous condamnés à assister au lent déclin de notre pays jusqu’en 2017 ? Peut-être pas. Mais la seule façon de l’enrayer serait de rendre la parole au peuple, en imposant une forme de démocratie directe, à la suisse. Cela redonnerait aussi aux Français goût à la politique. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de soutenir le très intéressant projet <paysreels.org>, dont je vous parlerai la semaine prochaine, mais que vous pouvez d’ores et déjà rejoindre sur internet.

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