C’est Jean-Claude Mailly, le patron de FO, qui le dit : si l’Etat revenait sur l’accord sur l’assurance-chômage des intermittents, « cela signifierait la fin du paritarisme ». On ne saurait mieux signifier la faillite d’un système qui date pour l’essentiel des lendemains de la Seconde guerre mondiale, et qui a infusé progressivement une grande partie de notre « modèle » social. Un modèle couvert de dettes, abonné aux déficits, donc économiquement non-viable et aujourd’hui irréformable.
Ce n’est pas tant l’attitude de certains syndicats ni du patronat qui est en cause lorsqu’ils parviennent cahin-caha à des accords. Mais tout prouve que, dans notre pays aux multiples crises, ce système où quelques-uns signent pour tous n’est plus à la hauteur de l’enjeu. La crise sociale est telle que le paraphe d’organisations patronales et syndicales, même
majoritaires, n’a plus de force d’entraînement. La crise économique est si profonde que les demi-mesures issues d’un dialogue social où chaque partie doit faire des concessions sont désormais insuffisantes face à la dangerosité des impasses. Quant à la crise politique, elle est celle d’un pouvoir massivement impopulaire, empêché de défendre des réformes dès lors qu’elles secouent un peu l’opinion.
Le gouvernement doit donc dresser l’acte de décès du paritarisme. Et reprendre directement en main ce qui s’écroule : pas forcément pour le piloter au jour le jour, mais pour en définir les règles de fonctionnement, le cadre général, l’économie globale. Tout ce que syndicats et patronat n’ont plus la force d’imposer. On objectera qu’un pouvoir aussi faible et zigzagant que celui de François Hollande ne pourra naturellement jamais réformer à hauteur de ce qu’exige la situation. Encore moins faire mieux que des partenaires sociaux. Probable, mais si ce n’est lui, ce sera le suivant…
 
Nicolas Beytout