jeudi 3 juillet 2014

Emploi: les propositions chocs de l'Institut Montaigne

INFO LE FIGARO - Le think-tank suggère notamment de créer un «smic jeunes» ou d'unifier les dispositifs de baisse de charges.
Comme lors des deux premiers opus, la lutte contre le chômage sera le fil rouge de la conférence sociale lundi et mardi. Et pour cause: rarement la situation n'a été aussi dramatique: + 81 600 chômeurs en catégorie A sur les cinq premiers mois de l'année, 5,7 millions d'inscrits toutes catégories confondues et 42,5 % de longue durée. Des records absolus! Quant aux perspectives, elles ne sont guère réjouissantes. Le régime d'assurance-chômage estime à 80.000 le nombre de chômeurs qui vont encore s'inscrire àPôle emploi d'ici à la fin 2015, et le taux de chômage devrait atteindre 10,2 % en France entière fin 2014.
Il y a même, selon l'Institut Montaigne, qui publie une étude sur le sujet dont Le Figaro a pris connaissance, deux facteurs aggravants. «D'une part, le chômage est orienté clairement à la baisse dans plus
de la moitié des pays européens, note son auteur, Bertrand Martinot, ex-directeur de l'emploi et de la formation professionnelle. D'autre part, plusieurs pays européens qui connaissent des taux de chômage élevés se sont avérés capables, dans un passé récent, de revenir au quasi plein emploi, ce qui n'a jamais été le cas de la France depuis la fin des années 1970.»
Et ce ne sont pas les réformes mises en œuvre depuis deux ans qui vont permettre d'inverser la tendance. Partielles, assorties de nombreuses contreparties et évitant «de nombreuses questions fondamentales», elles ne sont en effet pas en mesure «d'endiguer véritablement le chômage de masse». Et ce, malgré le crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) - qui va permettre une baisse de 2,7 % du coût du travail en 2017 - qui «pourrait créer à long terme (au moins 5 ans) environ 300.000 emplois marchands».
L'Institut Montaigne juge donc venu le temps de lancer «des vraies réformes» et dresse un catalogue à la Prévert de mesures à prendre. Le think-tank suggère ainsi «d'unifier tous les dispositifs d'allégements de charges existant et de les intégrer définitivement dans le barème des cotisations sociales». Il propose encore de geler le smic pendant plusieurs années et d'«expérimenter un smic dérogatoire pour les jeunes qui seraient embauchés en CDI dans certains départements». Dit autrement, de créer un «smic jeunes» à 80 % du smic. Objectif? Gommer la barrière à l'entrée que constitue «un niveau de coût du travail excessif» pour les salariés peu qualifiés, et notamment pour les jeunes.

Bonus-malus

Bertrand Martinot recommande aussi de «donner encore plus de marge de manœuvre à la négociation collective au niveau de l'entreprise», sur le temps de travail. Bref, de sortir du carcan des 35 heures en permettant par exemple aux entreprises de remonter jusqu'à 39 ou 40 heures le seuil de déclenchement des heures sup «de manière unilatérale» en rétablissant une exonération d'impôts. La durée du travail dans la fonction publique serait également relevée et les recrutements sur certains postes effectués en contrat de droit privé.
Pour limiter le recours aux CDD courts, l'Institut Montaigne suggère enfin de «créer un système de bonus-malus à l'assurance-chômage», en augmentant fortement les cotisations patronales sur les CDD et en les baissant sur les CDI. En contrepartie, les employeurs auraient la possibilité de recruter des salariés en «CDD longs (jusqu'à 3 ans), à l'instar de ce qui existe déjà dans le secteur public».

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