Soucieux de mieux incarner la fonction, le chef de l’Etat a choisi d’en rester aux généralités. Présider, c’est survoler. Pour l’intendance, voyez Valls ! Pour la flamboyance, frappez chez Montebourg ! Au chef de l’Etat la banalité, le flou et la formule flop. « Si c’est possible, on le fait », a-t-il ainsi lâché lundi avec autorité, en apothéose de son volontarisme. Les Français comprendront que ce qui se révèle nécessaire mais douloureux, inévitable mais compliqué, « on ne le fera pas ». Sans doute est-ce à l’aune de ce mantra qu’il faut désormais relire les discours présidentiels, réinterpréter les reculs, les retards et les replis. L’inversion de la courbe du chômage ? La promesse d’une « initiative franco-allemande » ? L’amélioration des comptes publics ? La reprise « qui est là » ? Ratée, oubliée, étalée, brisée parce qu’impossibles sans accélération des réformes structurelles… Reste le pacte de compétitivité. Pour le coup, le Président est en passe de le faire. Mais six mois après son annonce, que de dégâts faute de pilotage ad hoc, et que d’hypothèques pour la suite du quinquennat : un dialogue social en capilotade et l’espoir d’un consensus à l’allemande évanoui ; un choc de confiance étouffé par le double discours permanent du gouvernement sur les entreprises ; une majorité en ordre dispersé, prompte à détricoter, complexifier, amender sans fin… Le chômage atteint des records, la croissance patine, la France décroche au sein de la zone euro mais François Hollande fait le pari pour 2017 qu’il laissera l’image d’un homme « qui a fait tout ce qu’il avait à faire ». C’est-à-dire bien peu, si possible...
Rémi Godeau