jeudi 17 juillet 2014

World cup : Cohn Bendit ou la haine de soi

Par Lucien SA Oulahbib 

Cohn Bendit était pour l'Argentine, comme il était bien sûr pour le Brésil, la France, sans doute l'Algérie… Pourquoi (au lieu d'être pour le plus méritant techniquement parlant) ? Parce que dans son cerveau culpabilisé les Allemands n'ont pas le droit de vivre mais de survivre donc se faire modeste là-bas au fond de la classe que l'instituteur Cohn Bendit se fait fort de redresser scrogneugneu, il faut expier la "bête qui est en nous" le fascisme congénital comme l'explique Deleuze, Foucault, le "fascisme qui est en nous", formule que rappelle également Pierre-André Taguieff dans son dernier ouvrage décidément incontournable (Du diable en politique).
En même temps, et cela ne cessait de l'étonner, les Brésiliens soutenaient les Allemands contre les Argentins ! il ne comprenait évidemment pas cette situation analysée autrefois par Machiavel : le vaincu veut s'approprier les valeurs du vainqueur pour l'imiter, pour pouvoir le battre un jour, on reconnaît d'ailleurs là la manière dont les futurs leaders révolutionnaires ont fait leur classe en Europe (y compris Wahhab à la fin du XVIIIème siècle) avant de prétendre les dépasser par la guerre sans en avoir les moyens. Evans Pritchard, dans les Nuer, a de son côté démontré que les voisins se querellent sans cesse
mais peuvent faire cause commune contre l'étranger ou l'inférieur, comme les Arabes qui se querellent sans cesse entre-eux mais peuvent accepter une tyrannie qui les unirait contre le chrétien ou le juif, peuples qui sont de toute façon appelés à être soumis selon leur "mantra".
Machiavel et Evans Pritchard ont-ils des avis opposés ? Car les Brésiliens auraient dû soutenir les Argentins contre l'étranger comme le fait Cohn Bendit, lui bien sûr contre son propre camp pour des raisons idéologiques. Sauf que le foot ce n'est pas la même chose ; et d'ailleurs les Argentins soutiennent les Brésiliens contre les méchants Américains dans les négociations internationales. Machiavel et Evans Pritchard ont raison tous les deux en fait ; mais à des niveaux différents : au niveau de la passion, des valeurs affectives, les Brésiliens vont plutôt admirer ceux qui en ont plus qu'eux, et cela ne peut pas être les Argentins jugés inférieurs ; mais au niveau de la raison, des intérêts géo-politiques, les Brésiliens feront cause commune avec les Argentins.
Bien sûr, de telles subtilités, Cohn Bendit en est à mille lieux, préférant se haïr en soi, et doublement, parce que en tant que juif il doit haïr encore plus Israël, l'accusant au fond de ne pas "comprendre" qu'il vaut mieux rester juif errant, citoyen du monde, clown, bouffon,porter ainsi sa croix de peuple déicide, ne pas devenir "dominant" (Rony Brauman, l'ex MSF, c'est pis) alors que les juifs sont des êtres humains comme les autres et peuvent eux aussi faillir à préférer Barrabas à Jésus, du moins les Pharisiens, pas le peuple, car il n'est pas sûr que cela soit ce même peuple qui encensa Jésus le dimanche des Rameaux et qui exigea sa mort comme il est prétendu mais peu importe puisque tout être humain est faillible disait même le grand César…
Ce qui est en tout cas symptomatique d'une époque, d'une génération, d'une idéologie, c'est bien cette volonté de ne pas s'accepter comme être humain au fond, et donc de se percevoir plutôt comme une entité, une belle âme (sans mains disait Kant de peur de les salir bien sûr) qui se soucie souligne Hegel du calice de son infinité là-bas dans le monde imaginaire là où coule miel et douceurs et où se pâment 72 vierges…dernière vision du Romantisme Allemand abâtardi en une "surhumanité" qui exige également de redresser la Terre, en attendant l'Univers (le Multi-vers pardon…).
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