Même si elle n’en est pas toujours consciente, la France est engagée dans une guerre de longue haleine contre l’islamisme radical. Une guerre dont elle n’est qu’un des protagonistes, une guerre qui s’enchevêtre avec d’autres conflits et lignes de rupture, mais une vraie guerre avec son lot de victimes, de violences et d’horreurs. Et, treize ans après les attentats du 11-Septembre, force est de reconnaître que le conflit n’en est qu’à ses premières phases.
Il est illusoire de penser que la France, qui a des intérêts séculaires dans le monde arabo-musulman et dont une part de sa population y a des racines, pourrait se réfugier dans l’isolationnisme, fermer ses frontières et détourner les yeux alors que le Moyen-Orient est en feu et que de vastes zones du Sahel se transforment en djihadistan. Mais il est tout aussi illusoire d’imaginer que parce qu’elle est l’un des très rares pays au monde doté d’une armée
capable d’intervenir à l’extérieur, la France pourrait, par la simple utilisation de son outil militaire, amener le terrorisme à résipiscence. Faire la guerre comporte des risques, dont la population civile est souvent la première victime. Mais des risques qui peuvent être assumés, à partir du moment où le pouvoir politique les inscrit dans une vision politique cohérente et une action de long terme.
Or, quel est notre projet pour l’Irak et la Syrie ? Sommes-nous prêts à nous allier avec l’Iran, voire avec Bachar el-Assad, contre les djihadistes ? Quels pays arabes sont à nos côtés ? Quelle est notre action politique vigoureuse destinée à appuyer les forces de progrès au sein même de l’islam ? Autant de questions auxquelles François Hollande mais aussi Barack Obama doivent apporter des réponses précises et claires. Faute de quoi les quelques bombardements aériens ne seront qu’une dangereuse gesticulation plus contre-productive qu’utile.