mardi 2 juin 2015

Chronique d’une implosion française

Par Lucien SA Oulahbib 

L'effondrement est si rapide qu'il oblige de suspendre le silence de ce quotidien consacré à la finition d'autre chose pour montrer quand même (par devoir d'État) le thermomètre du temps qui passe et qui indique déjà que le pays réel s'est dorénavant détaché du pays fictif encore contrôlé par la désormais feu gentry officielle.
Ainsi peu importe maintenant, pour le pays réel, que l'élection triomphale du maire FN au Pontet n'ait été guère commentée, même pas par un Alain Duhamel qui aura préféré se regarder raisonner sur la prestation des dirigeants de l'ex-UMP. Parce que l'avis de ladite "caste" ne compte plus, une caste "sûre d'elle et dominatrice" (réformes du Collège adoubée par Télérama ou la culpabilité post-chrétienne d'avoir ne serait-ce qu'un livre de plus que n'aurait pas un habitant de ZEP) caste dans laquelle il faut intégrer aussi le PDG qui détient autant de capital politique maintenant que le successeur de Chavez autrement dit rien ou presque.
Ne parlons pas, en passant, d'un BHL ou d'un Cohn Bendit, d'un Todd, balayés (c'était la semaine dernière, il y a un siècle) non pas parce qu'ils viennent d'être bannis de Russie, mais surtout parce que leurs analyses sur le devenir du monde comptent désormais pour du
beurre tant les problèmes sont bien plus complexes et mondiaux, ils s'intriquent, s'imbriquent, et en plus 2+2 font aussi 5 ne cherchez pas c'est de la politique, ayant par exemple réveillé beaucoup de choses que l'on croyait disparu comme le trafic d'esclaves chrétiens, la destruction des mondes anciens… Observez comment un Obama a rapetissé, autant qu'un drone ,croyant gagner ainsi la guerre contre "ce-qui-n'est-pas-l'islam" alors que non seulement ceci ne se distingue guère de ce qui se vit tous les jours en Arabie Saoudite, Iran, mais surtout parce que l'on ne peut guère éponger ce qui devient la mer avec une petite cuillère.
Un exemple de la petitesse de notre caste politico-médiatique ? Prenez l'affaire Banier/Bettencourt, pour beaucoup ce ne serait que le symptôme, un de plus, de la cupidité capitaliste qu'il s'agirait d'éliminer si Piketty était nommé aux Finances Filoche à l'Intérieur (Taubira 1er Ministre d'un Valls Président). Sauf que ce couple, étrange certes, symbolise plutôt cette profondeur séculaire, millénaire, d'aventures humaines traversant les siècles montrant une Nana (Zola) gravir les échelons sénateur par sénateur en leur donnant au creux de leur intimité une chaleur humaine que leurs proches leur refusaient depuis trop longtemps. Ne pas comprendre que vraisemblablement Banier n'a pas embobiné Bettencourt mais a trouvé le moyen de s'en faire une mécène illustre bien l'état d'illettrisme atteint aujourd'hui y compris par ceux connaissant grec et latin par coeur, cette dernière maîtrise n'étant pas une garantie pour penser juste comme le croient si naïvement Juppé et Bayrou…
Un mot encore :la récente cérémonie au Panthéon sonnait à ce point si faux qu'elle semblait ressembler à un mauvais rêve en carton pâte dont il faut à tout prix se réveiller, sauf qu'il semble bien que cela soit trop tard, Cameron l'a bien compris, d'autres non ("salut Dictateur !") les chiens aboient la caravane passe (ricanent Poutine et son homologue chinois) il n'est maintenant plus sûr du tout d'assister en France en 2017 à un duel FN/LRPS au second tour si, comme à Pontet, le pays réel sachant désormais ce qu'il "est" (ou croyant le savoir…) risque, dès le 1er tour, de faire la différence, peut-être pas à 59% mais 45-49%.
En appeler à la "Résistance" ne servira d'autant plus à rien que le pays réel pense, mordicus désormais, que c'est lui la résistance nouvelle.
Comment en est-on arrivé là ? Ce n'est pas un Todd qui le dira, sans doute plutôt un Taguieff et un Bruckner (les seuls "pseudo intellectuels" encore lisibles) même si Todd n'a pas tous les torts cependant lorsqu'il parle de crise religieuse au sens non pas étriqué qu'il prétend souligner (comme Plenel : les catholiques zombis versus les musulmans salvateurs) mais au sens profondément eschatologique du terme, celui d'un effondrement spirituel profond qui ne survit que par l'espoir d'un ravalement écologique assorti à une bonne réussite de la rencontre sur le climat en décembre prochain à Paris. Dernière carte. Celle de la "peur exponentielle" dont parle Benoît Rittaud. Si elle échoue, le raz de marée national étatiste et archéo-islamiste viendront balayer les âmes baignant pour une part dans l'enfer consumériste de plus en plus en perte de contrôle, mais à la recherche d'un purgatoire soutenable (certains jeunes français, pourtant autochtones, finissant souvent une rencontre par un " Inch Allah" qui en dit bien plus sur le degré d'intériorisation d'une demande d'ordre ferme (que l'on conteste pourtant encore dans sa forme actuelle) que la seule constatation de l'avènement d'un monde pluriel.
Bien sûr, ces propos ne sont que des petites gouttes de pensées éparses déposées dans l'océan de signes qui maillent les relations humaines de plus en plus urbaines c'est-à-dire déjà évanescentes à l'image d'une bulle de savon (soap) mais rêvant plutôt au devenir plus romantique d'un ballon qui s'élève et dont on espère en le regardant qu'il aura le même devenir qu'une bouteille jetée à la mer : indiquer aux futures générations et à leurs archéologues que certains tentaient vraiment de ne pas hurler avec les loups (entrés à Paris depuis longtemps puisqu'ils nous gouvernent corps et âmes : sécurité sociale oblige…) mais de saisir les points, irréversibles, de basculement.

Lucien SA Oulahbib 1/6/2015     

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