dimanche 24 avril 2016

Les cinq abaissements français

Par  Lucien SA Oulahbib 
Berlin,Moscou, Hanoï, Alger,Palestine…
Il ne s'agit pas ici de remuer pour le plaisir le passé, mais de dégager les conséquences de plus en plus désastreuses de l'enchaînement insidieux suivant en commençant par la fin :
faut-il pour Hollande et Ayrault s'abaisser à forcer à ce point l'Histoire dans cette volonté de conclure avant la prochaine échéance électorale de 2017 une reconnaissance unilatérale dudit "État palestinien" afin de rallier le vote "musulman" et d'entériner ainsi la perte du vote "juif" (hormis la poignée encore dominée par le CRIF et la LICRA) alors que peu de jeunes d'origine nord africaine (et aussi les autres) savent que la partie dite "arabe" a refusé dès 1947 l'existence d'Israël puis a cherché à faire croire que  l'exode palestinien était le seul fait de son indépendance, enfin a toujours nié l'expulsion du nombre équivalent de juifs de divers états dominés par les arabo-musulmans ? Élevés dans ce mensonge ces jeunes ne peuvent que le brandir pour justifier leur refus d'insertion dans l'être ensemble français. Ainsi on abandonne, on lacère, la présence, millénaire, des juifs en France, au profit d'un plat de lentilles…
Il en fut de même pour ladite indépendance "algérienne" puisque l'on a fait croire aux mêmes que la France avait détruit un pays "aussi développé que l'Allemagne en 1830" ou encore que "les" dits pieds-noirs auraient été tous d'accord avec la minorité de ces colons
qui avaient trafiqué les urnes dès 1945 (puis en 1947, 1949) pour empêcher l'émergence d'une frange d'autochtones francophones qui aurait certes milité pour l'indépendance mais à la façon dont les États-Unis s'émancipèrent du Royaume Uni, c'est-à-dire dans la pluralité et non pas dans cet unilatéralisme raciste qui a prévalu depuis avec la supériorité affichée de l'arabisme islamisé.
Car il n'était pas dit, contrairement à ce que croyait également un De Gaulle, que ces populations bigarrées de berbères berbéristes et arabisés auraient, automatiquement, voté pour des représentants islamistes ; autant dans ce cas penser que les six à huit millions présents aujourd'hui en France voteraient similairement s'il y avait un parti de la sorte se présentant à leurs suffrages ce qui est totalement faux ; ce fut d'ailleurs la grande erreur de Sarkozy que d'aller dans ce sens (parlant de "préfet musulman" alors qu'il y avait depuis belle lurette des préfets d'origine nord africaine, surtout kabyles d'ailleurs), sans oublier les divers clientélismes (dénoncés aujourd'hui jusque dans les rangs du PS) qui n'ont pas arrangé les choses.
En effet, bercés également de mensonges, ces jeunes ne peuvent pas évidemment pas se demander pourquoi lors des négociations avec le FLN des représentants pieds-noirs ne furent pas également conviés. Certes le pouvoir gaulliste s'appuyait sur le référendum ayant voté massivement pour l'auto-détermination, sauf que celle-ci n'excluait pas nécessairement les pieds-noirs, encore moins les harkis, or l'on connaît le sort qui leur fut réservé aux uns et aux autres.
Ce second abandon faisait suite au malheur vietnamien quand la France, lâchée par les USA, et empêtrée dans les mêmes erreurs qui causa sa défaite en Algérie, ne crut pas en la possibilité d'un Vietnam pluriel francophone, préféra s'appuyer sur la poignée de colons méprisants (les mêmes aussi qu'en Algérie) au lieu de faire confiance aux jeunes urbains vietnamiens désireux de s'émanciper sans cependant succomber aux sirènes communistes qui continuaient de chanter une pseudo indépendance (malgré leur défaite en Corée) alors qu'elles visaient à accroître la mainmise impérialiste et totalitaire de Moscou défendue bec et ongles par les communistes français comme nous l'appris l'affaire Boudarel.
Ce troisième abandon entérinait au fond le quatrième, celui de l'inféodation de millions de français à la férule léniniste (et cela continue, sous d'autres formes) renouveau d'un absolutisme totalitaire coulé dans un processus réactionnaire inégalé puisque tous les acquis culturels, sociaux, politiques, furent balayés d'un revers de main : dissolution de la liberté d'expression, de penser, de voter, de créer des syndicats indépendants ; la mainmise communiste fut telle, que la régression fut totale, maquillée par quelques avancées sociales (congés payés, 40 heures) cachant mal que l'horaire moyen était déjà de 44 heures à l'époque comme le rappelait Raymond Aron, et que les congés payés émergèrent sans que les communistes n'y furent pour quelque chose...
Ce quatrième abandon est le moins connu, le plus masqué, les communistes faisant croire qu'ils s'étaient battus pour libérer la France alors qu'ils avaient cherché plutôt à soulager le front Est, tout en espérant en l'arrivée des troupes soviétiques le plus loin possible en Europe.
La façon dont toute l'intelligentsia (ou presque) se coucha, se couche encore (le drapeau palestinien s'ajoutant au drapeau rouge tandis que le fichu de Simone de Beauvoir s'est rallongée pour devenir hijab) en dit long sur le mépris, la haine constante d'une certaine France contre elle-même. Le tout au nom d'une Idée, devenue folle, et pourtant toujours sanctifiée. 
Cet aveuglement explique-t-il le cinquième, celui de la collaboration avec Berlin ? Peut-être. Nolte n'a pas tous les torts après tout et Furet ne l'a sans doute pas tout à fait saisi, lui qui a pourtant montré avec brio dans Le passé d'une illusion comment les communistes manipulèrent la peur du fascisme (comme maintenant à vrai dire) pour imposer leur gant de fer totalitaire masquée par un gant de velours progressiste.
Car s'il s'agit de ne pas nier la spécificité d'un antisémitisme typiquement français (sans parler des Gobineau et Maurras) cherchant vainement les racines du jacobinisme dans la franc maçonnerie et ses accointances juives spinozistes (alors qu'elles sont à chercher dans les dérives d'une monarchie dépravée abandonnant Duplex et Montcalm, incapable de relever le défi de la monarchie parlementaire anglaise) il faut aussi ne pas négliger que le communisme avait réussi à faire croire qu'il représentait la forme la plus aiguisée de la Modernité, la plus "scientifique" donc nécessaire, obligée ; une fatalité mécanique qui poussa les forces vitales plutôt dans les bras fascistes et nazies afin de ne pas être noyées dans la masse de la fourmilière promise. Celle-ci vint, mais celle allouée par l'industrialisme fordiste triomphant gagna la partie tant la société de consommation en gestation avaient de bien plus beaux atours que l'obligeante et ardente frugalité, aujourd'hui à nouveau promu par les partisans du retour à l'ordre vert.
Ces cinq abandons français s'enchainent : ils forment une longue suite de manques qui peuvent expliquer pourquoi malgré de puissants atouts issus de ce génie français qui résiste contre vents et marées à tous les piques portés et enfoncés rageusement dans ses flancs celui-ci néanmoins a mis aujourd'hui un genoux à terre, la France s'affaisse, tels ces taureaux et ces cerfs majestueux qui chassés par la meute se voient harassés puis massacrés et avec eux meurent la France éternelle, ce fil, d'or, invisible, qui se noue de génération en génération, dans ces petits rien dont parle Léo Ferré, ces cache-nez noués autour du cou aimé parce qu'il fait froid, celui de la mort. Celle de Lazare ?… En attente d'une résurrection?… Seule consolation : la Garde meurt mais ne se rend pas.


Le 23/4/2016     

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